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BACON Francis, La Nouvelle Atlantide, 1627
Mode d’emploi : Une utopie technophile. A lire
comme un document historique lointain, mais qui contient l'un des
fantasmes éternels de la technique : une société
administrant la Science pour faire le Bien. De haut en bas.
Quelques extraits :
Notre Fondation a pour fin de connaître
les causes, et le mouvement secret des choses ; et de reculer les
bornes de l'Empire Humain en vue de réaliser toutes les choses
possibles. (...)
Nous avons aussi des parcs et des enclos avec toutes
sortes de quadrupèdes et d'oiseaux qui ne sont pas là
uniquement pour le plaisir des yeux ou à cause de leur
rareté, mais aussi en vue de dissections et
d'expériences, afin que nous puissions de cette façon
augmenter nos lumières sur ce qui peut être
pratiqué sur le corps humain. (...)
Enfin, nous faisons des tournées dans les
principales villes du royaume. Au cours de ces visites, quand
l'occasion s'en présente, et quand nous le jugeons bon, nous
rendons publique telle ou telle nouvelle invention utile. Nous leur
annonçons aussi, par des procédés de
prédiction naturelle, les maladies, épidémies,
invasions d'animaux nuisibles, disettes, tempêtes, tremblements
de terre, vastes inondations, comètes, ainsi que les
températures de l'année et diverses autres choses.
Après quoi, nous conseillons les habitants sur les mesures
à prendre pour prévenir ces événements ou y
remédier.
L’auteur : Anglais, 1561-1626. Comme
philosophe, il est un des héros fondateurs de la
modernité, en parallèle avec Descartes. Il fut aussi un
homme d'État de premier plan, Chancelier d'Angleterre.
Article Wikipédia : [Francis Bacon].
Se procurer ce livre : En édition de poche et en français : BACON Francis, La Nouvelle Atlantide, Paris, Flammarion (GF) : [sur site amazon
].
En ligne et en anglais : téléchargeable sur la page suivante du Projet Gutenberg : [Bacon New Atlantis / Gutenberg]
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BUTLER Samuel, Erewhon (1872), Erewhon revisited (1901)
Mode d’emploi : Une utopie technophobe. Un
roman de science-fiction, issu d'une série d'articles sur
"Darwin et les machines". Le titre se lit à l'envers :
"nowhere", nulle part.
Quelques extraits :
Telle est la vraie philanthropie. L'homme qui
fait une fortune colossale dans la bonneterie et qui par son
énergie réussit à faire baisser le prix des
lainages de la millième partie de deux sous par livre, cet
homme-là vaut dix philanthropes de profession. (...)
Je ne crains aucune des machines actuelles. Ce qui me
fait peur, c'est la rapidité avec laquelle elles sont en train
de devenir quelque chose de différent de ce qu'elles sont
à présent. Aucune classe d'animaux ou de
végétaux n'a fait, à aucune période du
passé, des progrès aussi rapides. Est-ce que ce
progrès ne devrait pas être jalousement surveillé,
et arrêté pendant que nous pouvons encore
l'arrêter ? Et pour cela n'est-il pas urgent de
détruire les plus avancées des machines en usage
aujourd'hui, bien que nous admettions qu'elles soient, par
elles-mêmes, innocentes ? (...)
En réalité il faut considérer
les machines comme le mode de développement par lequel
l'organisme humain est en train de se perfectionner. (...) Car un train
n'est pas autre chose qu'une botte de sept lieues que cinq cents
personnes peuvent posséder en même temps.
L’auteur : Anglais, 1835-1902. Erewhon fut le seul véritable succès de sa carrière d'homme de lettres. Article Wikipédia : [Samuel Butler]
Se procurer ce livre : Une traduction par Valéry Larbaud est disponible en poche, Gallimard, collection "L'Imaginaire" : [sur site amazon
].
Le texte anglais est disponible en ligne sur un site néo-zélandais : [Erewhon online].
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MUMFORD Lewis, Technique et civilisation (Technics and civilization, New York, Harcourt Brace, 1934), trad. D. Moutonnier, Paris, Seuil, 1950
Mode d’emploi : Un classique d'autant plus
intéressant à étudier que son auteur, historien
des idées et des civilisations, est favorable à la
technique lorsqu'il le rédige, et deviendra ensuite un
technophobe avéré, le premier grand critique du "mythe de
la machine". Les études de cas et les thèses de ce livre
ont parfois vieilli, mais demeurent des références pour
la majorité d'entre elles.
Quelques extraits :
Pour reconquérir la machine et la
soumettre à des fins humaines, il faut d'abord la comprendre et
l'assimiler. Nous l'avons étreint sans la comprendre
complètement ou bien, comme les plus faibles des romantiques,
nous l'avons rejetée sans voir d'abord ce que nous en pouvions
intelligemment assimiler. (...)
La machine-clé de l'âge industriel
moderne, ce n'est pas la machine à vapeur, c'est l'horloge.
(...) Aujourd'hui encore, aucune machine n'est aussi
omniprésente. (...)
En fait, la nécessité de promouvoir
sans cesse des changements et des améliorations — ce qui
est la caractéristique du capitalisme — a introduit un
élément d'instabilité dans la technique et
empêché la société d'assimiler ces
perfectionnements et de les intégrer dans des schémas
sociaux appropriés. (...)
Il n'est pas étonnant que ceux qui
contrôlent la destinée des sociétés
industrielles, banquiers, hommes d'affaire et politiciens, aient
toujours freiné la transition, souhaitant limiter les
développements néotechniques et éviter les
changements radicaux qui doivent se produire dans tout le milieu
social. (...)
Notre capacité de dépassement du
machinisme repose sur notre possibilité d'assimiler la machine.
Tant que nous n'aurons pas assimilé les leçons du domaine
mécanique, leçons d'objectivité,
d'impersonnalité, de neutralité, nous ne pourrons
continuer notre évolution vers un organique plus riche, un
humain plus profond.
Table des matières :
Préface (1946) - But de cet ouvrage
1. De la culture à la technique
2. Les facteurs de mécanisation
3. La phase éotechnique
4. La phase paléotechnique
5. La phase néotechnique
6. Phénomènes de compensation et chocs en retour
7. Assimilation de la machine
8. Orientation
Une synthèse de ce livre, en anglais, sur Wikipedia : [Technics & Civilisation / Abstract]
L’auteur : Américain (1895-1990).
Historien de la civilisation urbaine (architecture, urbanisme) et
technique. Son analyse critique de la modernité ressemble
parfois au marxisme, sans en être. Article sur Wikipedia en
anglais : [Lewis Mumford].
Se procurer ce livre : Longtemps indisponible, la traduction française de ce livre est proposée à partir de septembre 2015 par Parenthèses Editions, mille bravos : [sur amazon]. La version anglaise se trouve en bibliothèque ou d'occasion en ligne.
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LEROI-GOURHAN André, Évolution et techniques,
I : L'homme et la matière, II : Milieu et technique, Paris,
Albin Michel, 1943, 1945, repr. collection "Sciences d'aujourd'hui"
Mode d’emploi : Un modèle
d'anthropologie philosophique et d'histoire des techniques. Il faut
suivre dans ce livre la naissance de la technique dans le contact,
matériel et concret, entre l'homme et le monde.
Quelques extraits :
Il n'y a pas de coupure, sinon verbale, entre
l'en-deçà et l'au-delà de cette frontière
mystérieuse du civilisé. (...)
Dans le domaine de la morale, des arts, de la
société, on peut se demander s'il y a, chez l'Homme,
progrès ou stabilité, ou plutôt une série de
sursauts et de chutes qui se traduiraient peut-être par une
élévation très lente du niveau
général. Dans le domaine technique, le doute n'a jamais
effleuré personne : l'Homme perfectionne ses outils avec une
efficacité telle qu'il est maintenant, moralement,
artistiquement et socialement dépassé par ses moyens
d'action contre le milieu naturel, et ce mouvement de progrès
technique est si éclatant que, depuis des siècles, chaque
groupe qui s'exalte dans ses outils se croit du même coup
haussé dans tous les autres domaines. (...)
Il y a donc tout un côté de la tendance
technique qui tient à la construction de l'univers même et
il est aussi normal que les toits soient à double pente, les
haches emmanchées, les flèches équilibrées
au tiers de leur longueur qu'il est normal pour les gastéropodes
de tous les temps d'avoir une coquille enroulée en spirale.
Table des matières :
Introduction (vol. 1)
I. Structure technique des sociétés humaines
Tendance et fait
Degrés du fait
Hiérarchie des techniques
II. Moyens élémentaires d'action sur la matière
Les percussions
Le feu
L'eau
L'air
La force
III. Les transports
Portage humain
Portage animal
Trainage et roulage
Traction et direction
Navigation
Voies de communication
IV. Les techniques de fabrication
Solides stables
Solides fibreux
Solides semi-plastiques
Solides plastiques
Soilides souples
Fluides
V. Premiers éléments d'évolution technique
La technologie comparée
Introduction (vol. 2)
VI. Les techniques d'acquisition
Les armes
La chasse et la pêche
L'élevage
L'agriculture
Les minéraux
VII. Les techniques de consommation
L'alimentation
Le vêtement
L'habitation
VIII. Les problèmes d'origine et de diffusion
Problèmes généraux
Civilisés et sauvages
Economie technique
La tendance technique
Le milieu technique
L'emprunt
L'invention
L'activité créatrice
IX. Evolution et techniques
Les groupes et les masses
Le temps et le milieu intérieur
Le temps et le milieu technique
Index
L’auteur : Anthropologue français
(1911-1986). Spécialiste de la préhistoire, de
l'ethnologie des techniques et de l'histoire des cultures.
Détenteur de deux doctorats (lettres, puis sciences), il
enseignera à la Sorbonne puis au Collège de France. Il
essayait de fabriquer lui-même et d'utiliser lui-même les
instruments (préhistoriques ou de toutes cultures) sur lesquels
il a accumulé des fiches par dizaines de milliers.
Se procurer ce livre : Ce livre, classique, savant et intelligent, est disponible en édition de poche... : [vol.1 sur amazon
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HEIDEGGER Martin, "La question de la technique", in : Essais et conférences, Paris, Gallimard, 1958 (repr. collection Tel), trad. A. Préau de : "Die Frage nach der Technik", in : Vorträge und Aufsätze, Pfullingen, Neske, 1954
Mode d’emploi : Le texte de Heidegger le plus
fondamental sur la technique, dans une traduction française
intelligible. A lire lentement, méditativement, sans a priori.
On en profitera pour lire les autres conférences du même
recueil, qui complètent celle-ci.
Quelques extraits :
L'essence de la technique n'est absolument rien
de technique. Aussi ne percevrons-nous jamais notre rapport à
l'essence de la technique, aussi longtemps que nous nous bornerons
à nous représenter la technique et à la pratiquer,
à nous en accommoder ou à la fuir. (...)
Le dévoilement, cependant, qui régit la
technique moderne ne se déploie pas en une pro-duction au sens
de la poiêsis. Le dévoilement qui régit la technique moderne est une pro-vocation (Herausfordern) par laquelle la nature est mise en demeure de livrer une énergie qui puisse comme telle être extraite (heraugefördert) et accumulée. (...)
La menace véritable a déjà
atteint l'homme dans son être. Le règne de
l'Arraisonnement nous menace de l'éventualité qu'à
l'homme puisse être refusé de revenir à un
dévoilement plus originel et d'entendre ainsi l'appel d'une
vérité plus initiale. (...)
Aussi longtemps que nous nous représentons la
technique comme un instrument, nous restons pris dans la volonté
de la maîtriser. Nous passons à côté de
l'essence de la technique.
L’auteur : Martin Heidegger (1889-1976) est un
philosophe indispensable pour réfléchir sur la technique,
directement, par ce qu'il en a écrit, et indirectement, par la
rénovation qu'il apporte à la philosophie. L'influence
directe produit des philosophies plutôt technophobes, l'influence
indirecte des philosophies plutôt technophiles.
Se procurer ce livre : [sur site amazon
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ELLUL Jacques, La technique, ou l'enjeu du siècle, Paris, (A. Colin,1954), repr. Economica, 1990
Mode d’emploi : Jacques Ellul est le philosophe
français (technophobe) qui fait référence dans le
monde entier - sauf en France où son livre principal n'est
même pas disponible. Il faut se le procurer et l'étudier.
Et essayer de lui répondre.
Quatrième de couverture de la réimpression Economica (1990)
La Technique ou l'enjeu du siècle
a connu une destinée singulière. Refusé par deux
éditeurs, il a finalement été publié dans
une collection universitaire à faible tirage et a très
vite été épuisé. Jamais
réédité (sauf en édition pirate) il n'a
cessé d'être lu et pillé, même si ceux qui
l'ont utilisé ne l'ont pas toujours cité. Aux Etats-Unis,
il est constamment réédité en collection de poche
et est inscrit au programme des lectures obligées (text-books)
de la plupart des universités. Il a également eu une
grande influence chez les dissidents des pays de l'Est. Jacques Ellul
n'a cessé d'approfondir sa réflexion sur la technique
dans des livres devenus des classiques (...). Mais on ne peut
comprendre son œuvre sans se reporter à ce livre
fondateur. Prophétiques lorsqu'elles ont été
écrites, ses vues sur la technique comme fait central de nos
sociétés conservent plus de 35 ans après une
étonnante et parfois inquiétante actualité. En
1960, Jacques Ellul avait préparé une deuxième
édition revue et complétée qu'un éditeur
peu avisé a renoncé à publier. C'est ce texte que
les Classiques des sciences sociales offrent aujourd'hui au lecteur.
Quelques extraits :
Aucun fait social, humain, spirituel, n'a
autant d'importance que le fait technique dans le monde moderne. Aucun
domaine, pourtant, n'est plus mal connu. (...)
Et, de fait, la technique n'est rien de plus que
moyen et ensemble de moyens. Mais cela ne diminue pas l'importance du
problème, car notre civilisation est d'abord une civilisation de
moyens et il semble que dans la réalité de la vie moderne
les moyens soient plus importants que les fins. (...)
Ainsi s'achève l'édifice de cette
civilisation qui n'est pas un univers concentrationnaire car il n'y a
pas d'atroce, il n'y a pas de démence, tout est nickel et verre,
tout est ordre — et les bavures des passions des hommes y sont
soigneusement briquées. Nous n'avons plus rien à perdre
et plus rien à gagner, nos plus profondes impulsions, nos plus
secrets battements de cœur, nos plus intimes passions sont
connues, publiées, analysées, utilisées. L'on y
répond, l'on met à ma disposition exactement ce que
j'attendais, et le suprême luxe de cette civilisation de la
nécessité est de m'accorder le superflu d'une
révolte stérile et d'un sourire consentant.
L’auteur : Jacques Ellul (1912-1994), forte
personnalité, a fait sa carrière universitaire à
Bordeaux, comme juriste, spécialiste d'histoire du droit et de
sciences politiques. Sa philosophie de la technique est marquée
par un christianisme (protestant) très militant.
Voir le site : [www.ellul.org].
Se procurer ce livre : La réimpression Ecomica est à nouveau disponible : [sur amazon]. En traduction anglaise : [on amazon.com website
]
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SIMONDON Gilbert, Du mode d'existence des objets techniques, Paris, Aubier, 1969
Mode d’emploi : Un des livres les plus
importants pour intégrer la culture technique à la
culture. Ne pas se laisser écarter de ce livre par les analyses
approfondies de dispositifs techniques : Simondon est un
philosophe qui sait de quoi il parle et qui aime approfondir les
données du réel avant de les analyser philosophiquement.
Du coup, ses synthèses sont puissantes et lumineuses.
Quatrième de couverture :
L'ouvrage de Gilbert Simondon est
célèbre à un double titre. C'est l'une des
premières et des plus fortes tentatives pour réintroduire
l'objet technique dans la culture, faire cesser son aliénation
purement ustensile, découvrir les valeurs d'humanité
qu'il contient et que la philosophie a trop longtemps méconnues
au nom de la relation de propriété ou d'usage. C'est
ensuite une élucidation originale de l'essence des objets
techniques. Simondon la décrit comme une genèse
spécifique qui prend la forme d'un processus dit de «
concrétisation », distinct aussi bien des
perfectionnements empiriques que de toute déduction à
partir de principes théoriques préalables. Cette
conception s'élargit sur des perspectives éthiques,
religieuses et esthétiques qui découvrent la
portée philosophique de l'entreprise.
Un extrait :
La plus forte cause d'aliénation dans le
monde contemporain réside dans cette méconnaissance de la
machine, qui n'est pas une aliénation causée par la
machine, mais par la non-connaissance de sa nature et de son essence,
par son absence du monde des significations, et par son omission dans
la table des valeurs et des concepts faisant partie de la culture. La
culture est déséquilibrée parce qu'elle
reconnaît certains objets, comme l'objet esthétique, et
leur accorde droit de cité dans le monde des significations,
tandis qu'elle refoule d'autres objets, et en partculier les objets
techniques, dans le monde sans structure de ce qui ne possède
pas de significations, mais seulement un usage, une fonction utile.
Table des matières :
Introduction
1ère Partie. Genèse et évolution des objets techniques
- Genèse de l'objet technique : le processus de concrétisation
- Objet technique abstrait et objet technique concret
- Conditions de l'évolution technique
- Rythme du progrès technique : perfectionnement continu et mineur, perfectionnement discontinu et majeur
- Origines absolues d'une lignée technique
- Evolution de la réalité technique ; éléments, individu, ensemble
- Hypertélie et auto-conditionnement dans l'évolution technique
- L'invention technique : fond et forme chez le vivant et dans la pensée inventive
- L'individualisation technique
- Enchaînements évolutifs et conservation de la technicité. Loi de la relaxation
- Technicité et évolution des techniques ; la technicité comme instrument de l'évolution technique
2ème Partie. L'homme et l'objet technique
- Les deux modes fondamentaux de la relation de l'homme au donné technique
- Majorité et minorité sociéle des techniques
- Technique apprise par l'enfant et technique pensée par l'adulte
- Nature commune des techniques mineures et des techniques majeures. Signification de l'encyclopédisme
- Nécessité d'une synthèse au niveau
de l'éducation entre le mode majeur et le mode mineur
d'accès aux techniques
- Fonction régulatrice de la culture dans la
relation entre l'homme et le monde des objets techniques.
Problèmes actuels
- Les différentes modalités de la notion de progrès
- Critique de la relation de l'homme et de l'objet
technique telle que la présente la notin de progrès issue
de la thermodynamique et de l'énergétique. Recours
à la théorie de l'information
- Limites de la notion technologique d'information pour
rendre compte de la relation de l'homme et de l'objet technique. La
marge d'indétermination dans les individus techniques.
L'automatisme
- La pensée philosophique doit opérer
l'intégration de la réalité technique à la
culture universelle, en fondant une technologie.
3ème Partie. Essence de la technicité
- Genèse de la technicité
- La notion de phase appliquée au devenir : la technicité comme phase
- Le déphasage de l'unité magique primitive
- La divergence de la pensée technique et de la pensée religieuse
- Rapports entre la pensée technique et les autres espèces de pensée
- Pensée technique et pensée esthétique
- Pensée technique, pensée théorique, pensée pratique
- Pensée technique et pensée philosophique
Conclusion
L’auteur : Philosophe français
(1924-1989), élève de G. Canguilhem et de M.
Merleau-Ponty, il a enseigné à Poitiers puis à
Paris. Ses thèmes de recherche sont divers et complexes, il part
d'une philosophie de l'individuation, question liée
à la psychologie et à la biologie, et il apporte à
la philosophie de la technique une indispensable analyse des
sytèmes et de leur évolution.
Se procurer ce livre : Il est réimprimé et disponible ! [sur site amazon
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ILLICH Ivan, La convivialité (Tools for conviviality), 1973
Mode d’emploi : Très contestataire,
provocateur même parfois, utopiste, mais extraordinairement en
avance. A lire pour comprendre que la critique de la
société de consommation, l'altermondialisme et les
projets "alternatifs" ne datent pas d'aujourd'hui.
Quatrième de couverture :
Ivan Illich amplifie et radicalise sa critique
de la société industrielle. Il ne vise plus une
institution particulière (école, santé,
transports), mais l'organisation globale. Il dénonce la
servitude née du mode industriel de production, le gigantisme
des outils, le culte de la croissance indéfinie et de la
réussite matérielle. L'homme va-t-il réclamer son
droit, reprendre la parole et le pouvoir de décider, rouvrir un
espace social de rencontres et d'échanges, se souvenir qu'il a
un passé, des voisins, des égaux ?
Quelques extraits :
J'appelle société conviviale
une société où l'outil moderne est au service de
la personne intégrée à la collectivité, et
non au service d'un corps de spécialistes. (...)
J'entends par convivialité l'inverse de la productivité industrielle. (...)
De même que l'exigence d'un mieux-être
à tout prix, la course à la vitesse est une forme de
désordre mental. (...)
Plus de santé, plus de vitesse ou plus de
récoltes, cela signifie des individus plus réceptifs,
plus passifs, plus disciplinés. (...)
L'outil simple, pauvre, transparent est un humble
serviteur ; l'outil élaboré, complexe, secret est un
maître arrogant. (...)
La désaccoutumance de la croissance sera douloureuse. (...)
A de rares exceptions près, les lois et les
corps législatifs, les tribunaux et les jugements, les
plaignants et leurs requêtes sont profondément pervertis
par l'accord unanime et écrasant qui accepte sans murmure le
mode industriel de production et ses slogans : Toujours plus, c'est toujours mieux.
D'ailleurs les entreprises et les institutions savent mieux que les
personnes quel est l'intérêt public et comment le servir.
(...)
Ce qui est déjà évident pour
quelques-uns sautera tout à coup aux yeux du plus grand
nombre : l'organisation de l'économie tout entière
en vue du mieux-être est l'obstacle majeur au bien-être.
L’auteur : Universitaire libre et cosmopolite
(1926-2002), il a été prêtre catholique, fondateur
de son propre centre de recherches au Mexique, agitateur d'idées
itinérant...
Se procurer ce livre : Téléchargeable sur l'Internet, en anglais : [Tools for Conviviality].
Disponible en poche en français : [sur site amazon
].
Disponible dans une louable édition de l'oeuvre de Illich : Œuvres complètes,
vol. 1 (Libérer l'avenir [1971], Une société sans
école [1971], Énergie et équité [1975], La
convivialité [1973], Némésis médicale
[1975]), Paris, Fayard, 2005 : [sur site amazon
]
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JONAS Hans, Le principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique, Paris, Cerf, 1990, repr. Champs Flammarion, trad. J. Greisch de : Das Prinzip Verantwortung, Frankfurt a.M., Insel, 1979
Mode d’emploi : Dans ce livre, bien comprendre et s'approprier la notion de responsabilité, et son lien avec l'état actuel de la puissance technologique. Mais, AMHA,
se méfier du prêchi-prêcha théologique :
c'est ce livre qui a permis aux théologiens de tout bord de
noyauter la réflexion éthique, écologique, et sur
la technologie. Ne serait-ce que pour résister à cette
récupération religieuse, il faut connaître ce livre
et son argumentation, et y relever le dogmatisme initial : Jonas,
lui, sait de source sûre (par Révélation) ce qu'est
l'essence de l'homme, et à partir de là dicte ce qu'il
peut et ne peut pas faire... — AMHA : non merci.
Quatrième de couverture (Cerf) :
Pour la première fois dans l'histoire de
l'humanité, les actions de l'homme pourraient se
révéler irréversibles. Or, en face, c'est le
« vide éthique », car les morales traditionnelles
sont trop courtes. Elles sont particulièrement
inopérantes pour les décideurs politiques. H. Jonas
propose une reformulation de l'éthique autour de l'idée
centrale de responsabilité sous ses différents aspects,
naturelle et contractuelle, tournée vers l'avenir et
dégageant dans le rôle des parents et des hommes
d'État deux paradigmes essentiels. Ce livre important reprend
les concepts clés de l'éthique, de l'éducation, de
la politique et de l'histoire. Il discute pied à pied les
idéaux du progrès et les utopies (d'où le titre de
l'ouvrage qui rappelle « Le Principe espérance » de
Bloch) et fait toute sa place aux limites de tolérance de la
nature, à la souffrance, à la peur et à
l'espérance responsable.
Table des matières :
- La transformation de l'essence de l'agir humain
- L'exemple de l'Antiquité
- Signes distinctifs de l'éthique jusqu'à présent
- Nouvelles dimensions de la responsabilité
- La technologie comme "vocation" de l'humanité
- Anciens et nouveaux impératifs
- Les formes antérieures de l'"éthqiue du futur"
- L'homme en tant qu'objet de la technique
- La dynamique "utopique" du projet technique et l'excès de la responsabilité
- Le vide éthique
- Questions de fondements et de méthode
- Savoir idéal et savoir réel dans "l'éthique d'avenir"
- Priorité du mauvais pronostic sur le bon
- L'élément du pari dans l'agir
- L'obligation de l'avenir
- Être et devoir
- Les fins et leur position dans l'être
- Le marteau
- La cour de justice
- La marche
- L'organe de digestion
- La réalité de la nature et la validité : de la question de la fin à la question de la valeur
- Le Bien, le Devoir et l'Être : théorie de la responsabilité
- Être et Devoir
- Théorie de la responsabilité : premières différenciations
- Théorie de la responsabilité : parents et homme d'État comme paradigmes éminents
- Théorie de la responsabilité : l'horizon de l'avenir
- Jusqu'où la responsabilité politique s'étend-elle evrs l'avenir ?
- Pourquoi jusqu'à présent la "responsabilité" n'occupait pas le centre de la théorie éthique
- L'enfant — l'objet élémentaire de la responsabilité
- La responsabilité aujourd'hui : l'avenir menacé et l'idée de progrès
- L'avenir de l'humanité et l'avenir de la nature
- La menace de malheur contenue dans l'idéal baconien
- Le marxisme ou le capitalisme peuvent-ils mieux parer au danger ?
- Examen concret des chances abstraites
- L'utopie de l'"homme véritable" seulement à venir
- L'utopie et l'idée de progrès
- La critique de l'utopie et l'éthique de la responsabilité
- Les damnés de la terre et la révolution mondiale
- Critique de l'utopisme marxiste
L’auteur : Hans Jonas (1903-1993), né en
Allemagne, a enseigné dans de nombreux pays du monde,
essentiellement en Amérique du Nord. Après une longue
carrière d'historien des religions et théologies, il
publie en 1979 le Principe responsabilité, qui l'impose,
tardivement, notamment en France dans les années 1990, comme la
référence sur l'éthique du futur.
Se procurer ce livre : Disponible en français en édition de poche : [sur site amazon
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JULLIEN François, Traité de l'efficacité, Paris, Grasset, 1997, repr. Livre de Poche, Biblio Essais
Mode d’emploi : Une comparaison, philosophique
et passionnante, entre la conception chinoise et la conception
occidentale de l'action sur le réel. Vue sous cet angle, "notre"
technique apparaît avec un relief saisissant, dans sa
spécificité, que nous ne voyons pas bien.
Quatrième de couverture :
François Jullien enrichit notre
conception de l'"efficacité" en confrontant la notion
occidentale et la notion chinoise. A la difficulté
européenne à penser l'efficacité s'oppose
l'approche chinoise de la stratégie : quand l'efficacité
est attendue du "potentiel de la situation" et non d'un plan
projeté d'avance, qu'elle est envisagée en termes de
conditionnement et non de moyens à fin, de transformation et non
d'action, de manipulation et non de persuasion, "l'occasion" à
saisir n'est plus alors que le résultat de la tendance
amorcée et, comme le dit un sage chinois, le plus grand
général ne remporte que des victoires "faciles", sans
même qu'on songe à l'en louer.
Quelques extraits :
Plutôt que de dresser un modèle
qui serve de norme à son action, le sage chinois est
porté à concentrer son attention sur le cours des choses,
tel qu'il s'y trouve engagé, pour en déceler la
cohérence et profiter de leur évolution.(...)
L'efficacité de l'action est directe (de moyen
à fin), mais elle est coûteuse et risquée ;
celle de la transformation est indirecte (de condition à
conséquence), mais elle se rend progressivement imparable.(...)
Le sage-stratège envisage et planifie
la difficulté "au stade de la facilité", est-il dit, de
même qu'il "accomplit de grandes choses au stade où elles
sont encore infimes" (Laozi § 63).
Table des matières :
1. Les yeux fixés sur le modèle
2. Ou s'appuyant sur la propension
3. But ou conséquence
4. Action ou transformation
5. Structure de l'occasion
6. Ne rien faire (et que rien ne soit pas fait)
7. Laisser advenir l'effet
8. De l'efficacité à l'efficience
9. Logique de la manipulation
10. Manipulation versus persuasion
11. Images d'eau
12. Eloge de la facilité
L’auteur : Né en 1951, François
Jullien est un spécialiste de la culture chinoise, et sous cet
angle comparatiste, de l'analyse philosophique du monde contemporain.
Il enseigne à l'université Paris-VII où il dirige
l'Institut de la Pensée Contemporaine.
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